Sous le haut patronage de S. E. le Ministre de la santé publique, le Dr Rakan Nassereldine, le Ministère de la santé publique, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), le Secrétariat de la Convention-cadre de l’OMS pour la lutte antitabac (Convention-cadre de l’OMS) et le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) ont présenté aujourd’hui une étude de cas sur les investissements en faveur de la lutte antitabac au Liban. Cette présentation a eu lieu à Beyrouth, en présence des principales parties prenantes, ainsi que d’experts et d’expertes de la santé publique et du développement économique.
Le nouvel argumentaire d’investissement montre que le Liban pourrait éviter plus de 400 millions de dollars des États-Unis (USD) (15 200 milliards de livres libanaises (LBP)) de pertes économiques et sauver jusqu’à 40 000 vies au cours des 15 prochaines années en mettant en œuvre six politiques clés de lutte antitabac recommandées par la Convention-cadre de l’OMS pour la lutte antitabac.
L’étude met en évidence le terrible coût économique et humain du tabagisme au Liban, actuellement estimé à 140 millions USD par an, soit l’équivalent de 1,9 % du PIB du pays. Ce coût est attribuable à d’importantes dépenses de santé, à la perte de productivité et à des pertes substantielles en matière de développement humain. En outre, les avantages économiques du renforcement de la lutte antitabac au Liban, qui s’élèvent à 15 200 milliards LBP, l’emportent largement sur les coûts de la mise en œuvre, qui sont de 177 milliards LBP seulement.
Son Excellence le Ministre de la santé publique du Liban, le Dr Rakan Nassereldine, a déclaré : « Nous disposons aujourd’hui de données solides montrant que la lutte antitabac est non seulement une priorité sanitaire, mais aussi un investissement économique judicieux. Cette étude quantifie ce que nous savons depuis longtemps : le tabagisme a de terribles conséquences sur la santé, car il augmente la charge des maladies non transmissibles telles que le cancer, les cardiopathies et les affections respiratoires. Mais au-delà des souffrances humaines, le tabac représente également un coût énorme pour notre système de santé, fait baisser la productivité et consomme des ressources que le Liban ne peut plus se permettre de perdre ».
Le Dr Abdinasir Abubakar, Représentant de l’OMS au Liban, a souligné que la loi nationale de lutte antitabac visant à mettre en œuvre les différents aspects de la Convention-cadre de l’OMS pour la lutte antitabac est une mesure de santé publique importante qui vise à améliorer la santé des personnes, à prévenir les problèmes de santé chez les non-fumeurs et à réduire le fardeau économique que représente le tabagisme au niveau national. Il a indiqué que le Liban est l’un des pays de la Région où la prévalence du tabagisme est élevée, soulignant la nécessité de lutter d’urgence et de manière décisive contre le tabagisme. « L’intégration de la lutte antitabac dans les plans et politiques nationaux de relance économique et de croissance sera essentielle pour aider le Liban à atteindre son objectif économique », a-t-il déclaré.
La Dre Adriana Blanco Marquizo, Cheffe du Secrétariat de la Convention-cadre de l’OMS, a ajouté : « Les conclusions de cet argumentaire d’investissement sont claires. Le renforcement de la lutte antitabac au Liban est non seulement un impératif sanitaire, mais aussi une opportunité économique. En prenant des mesures décisives dès maintenant, nous pouvons améliorer considérablement la vie de dizaines de milliers de citoyennes et citoyens libanais et réaffecter des fonds essentiels aux priorités de développement. Nous exhortons le Liban à renforcer ces mesures vitales conformément à la Convention-cadre de l’OMS ».
Le Représentant résident adjoint du PNUD, M. Thair Shraideh, a souligné la nécessité de poursuivre les efforts de lutte antitabac en réformant les politiques et en progressant sur le plan législatif. « Le Liban a fait des progrès dans la lutte antitabac, mais des mesures supplémentaires doivent être prises pour protéger la santé publique et favoriser le développement durable. Le PNUD reste déterminé à soutenir le Liban dans cette entreprise, en collaborant avec le Gouvernement, l’OMS et de ses partenaires. En renforçant les cadres législatifs, en faisant progresser des politiques fondées sur des données probantes et en favorisant la collaboration multisectorielle, nous pouvons atténuer l’impact économique et sanitaire du tabagisme tout en défendant des objectifs de développement plus larges qui préservent le bien-être et protègent les générations futures », a-t-il déclaré.
Selon l’argumentaire d’investissement, dont la mise en œuvre est le fruit de la collaboration entre le Ministère de la santé publique, l’équipe du PNUD chargée de la santé mondiale et l’OMS, l’application des mesures prévues par la Convention-cadre de l’OMS pour la lutte antitabac pourrait sauver plus de 2600 vies par an et permettre au Liban de réinvestir les ressources économisées grâce à la baisse des dépenses de santé et à l’augmentation des recettes fiscales sur le tabac en vue de financer des priorités essentielles pour le développement national que sont la couverture sanitaire universelle, les programmes de protection sociale et les efforts de relance économique.
Actuellement, plus de 9000 personnes meurent chaque année de maladies liées au tabac au Liban, ce qui représente plus d’un décès sur quatre dans le pays. Le Liban est devenu Partie à la Convention-cadre de l’OMS en 2005, mais il doit prendre des mesures supplémentaires pour en tirer pleinement bénéfice.
Les mesures recommandées sont les suivantes :
- S’engager à mettre pleinement en œuvre la Convention-cadre de l’OMS.
- Renforcer la fiscalité sur le tabac et augmenter les taux d’imposition (article 6 de la Convention-cadre de l’OMS).
- Mettre en œuvre et faire respecter les cinq autres politiques de lutte antitabac étudiées dans cet argumentaire d’investissement :
- créer des lieux publics et des lieux de travail sans tabac pour protéger les personnes des méfaits de la fumée de tabac (article 8 de la Convention-cadre de l’OMS) ;
- exiger que les conditionnements des produits du tabac comportent des mises en garde sanitaires illustrées décrivant les méfaits du tabagisme (article 11 de la Convention-cadre de l’OMS) ;
- imposer le conditionnement neutre des produits du tabac (directives pour l’application de l’article 11 et directives pour l’application de l’article 13 de la Convention-cadre de l’OMS) ;
- promouvoir et renforcer la sensibilisation du public aux questions ayant trait à la lutte antitabac, y compris aux risques pour la santé liés à la consommation de tabac, à l’exposition à la fumée du tabac et à la dépendance, ainsi que la sensibilisation aux avantages du sevrage tabagique (article 12 de la Convention-cadre de l’OMS) ; et
- promouvoir le sevrage tabagique et le traitement de la dépendance à l’égard du tabac en formant des professionnels et professionnelles de santé afin qu’ils soient en mesure de donner des conseils pour le sevrage (article 14 de la Convention-cadre de l’OMS).
- Renforcer la coordination multisectorielle de la lutte antitabac au Liban en mettant en place un dispositif national de coordination et en réunissant diverses parties prenantes (article 5.2.a de la Convention-cadre de l’OMS).
- Élaborer une stratégie nationale de lutte antitabac pour le Liban (article 5.1 de la Convention-cadre de l’OMS).
- Mettre en œuvre des mesures pour protéger les politiques de santé publique des intérêts commerciaux et autres de l’industrie du tabac (article 5.3 de la Convention-cadre de l’OMS).
- Adhérer au Protocole pour éliminer le commerce illicite des produits du tabac, notamment en renforçant les capacités de lutte contre le commerce illicite (Protocole et article 15 de la Convention-cadre de l’OMS).
- Identifier les possibilités de lier la mise en œuvre de la Convention-cadre de l’OMS à des stratégies de développement durable plus larges.
Cette initiative marque une nouvelle étape dans l’engagement du Liban à réduire la charge sanitaire et économique liée au tabac.
Note aux rédactions
La Convention-cadre de l’OMS est le tout premier traité de santé publique négocié sous les auspices de l’OMS. Elle compte 183 Parties représentant 90 % de la population mondiale. Ce traité fournit un cadre juridique et prévoit un ensemble complet de mesures de lutte antitabac, fondées sur des données probantes, étayées par le droit international, qui ont sauvé des millions de vies, notamment l’apposition de mises en garde sanitaires illustrées sur les conditionnements de cigarettes, des lois antitabac et l’augmentation des taxes sur les produits du tabac.
Le PNUD travaille au Liban depuis 1986 en tant que partenaire de développement pour soutenir la reprise économique, notamment en collaborant avec les municipalités pour fournir des services de base aux communautés d’accueil, en favorisant les énergies propres et la gestion des déchets solides, en renforçant la gouvernance et l’État de droit, en apportant un soutien aux élections et en œuvrant à l’autonomisation des femmes et des jeunes.